Vitrail Tiffany : une création expliquée de A à Z
A la fin du XIXème siècle, Louis Comfort Tiffany, fondateur du Studio Tiffany produit des objets en verre. Il invente de nouveaux types de verre, promeut l'utilisation de verres opalescents, et reste célèbre pour avoir révolutionné l'art du vitrail avec une technique à laquelle il a donné son nom : le vitrail Tiffany. Au lieu de sertir les morceaux de verre dans du plomb, selon la technique traditionnelle médiévale, il les enrobe de rubans de cuivre, qu’il soude à l’étain. Il est plus aisé de travailler de motifs délicats. Marie-Laurence Leguet-Sikaly nous a expliqué comment réaliser, pas à pas, un abat-jour de lampe en vitrail Tiffany.
La maquette et le carton
L'artiste verrier commence par établir une maquette, un dessin en couleurs, à l'échelle 1/10 ou 1/50. Le dessin prévoit le tracé des soudures, les couleurs des morceaux de verre, les pièces qui seront éventuellement peintes, et servira de référence tout au long du travail de création. La maquette est ensuite reproduite à échelle réelle sur un carton.
Ce carton est calqué sur papier épais, et chaque tracé de crayon est découpé. On obtient ainsi les calibres, ou gabarits, qui forment comme les pièces d'un puzzle. Chaque gabarit sera utilisé pour couper le morceau de verre qui lui correspond.
Photos (© Studio Univerre) :
Maquette à l'échelle (carton) d'abat jour de lampe en vitrail Tiffany
Carton, gabarits, et premiers morceaux de verre découpés pour créer l'abat-jour
Découpe, décoration, sertissage
Chaque morceau de verre est coupé selon son gabarit, au coupe verre, un outil très tranchant. Le gabarit numéroté, posé sur une plaque de verre, est reproduit au marqueur permanent. Le verre est découpé selon le tracé. Tous les bords sont égalisés à la meuleuse. Certaines pièces peuvent être colorées à la grisaille, en utilisant des oxydes métalliques, ou émaillées. Il faut alors cuire le verre au four à plus de 500° pour fixer la décoration.
Chaque morceau de verre est ensuite entièrement serti de ruban de cuivre adhésif. Ce travail de sertissage permettra de souder les éléments ensemble, une fois l'ensemble des pièces du carton assemblées.
Photos (© Studio Univerre) :
Egalisation des bords d'un morceau de verre à la meuleuse
Sertissage de chaque morceau de l'abat-jour en cours
Montage et soudures
Les pièces de verre sont ensuite fixées sur un support en trois dimensions qui reprend la forme de l'abat-jour. Une fois l'assemblage effectué, on apllique de l'eau à soudure sur les rubans de cuivre. La soudure des objets en Tiffany se fait au fer à souder, avec des baguettes à base d'étain. Le travail de découpe et d'assemblage doit avoir été parfaitement réalisé, sans quoi des jours apparaîtront une fois le travail de soudure effectué. L'art du Tiffany demande une grande précision.
Photos (© Studio Univerre) :
Assemblage des morceaux de verre sur gabarit en trois dimensions
Travail de soudure à l'étain en cours
Patine et finitions
Une fois la création terminée, on peut appliquer une patine sur les soudures, pour que leur couleur s'assortisse mieux avec le dessin du verre, ou avec le reste de l'objet (ici, le pied de la lampe). Pour finir, on applique un anti-oxydant, qui permettra de garder les soudures propres et brillantes. Ne reste qu'à assembler l'abat-jour sur la lampe, et à contempler la création terminée.
Photos (© Studio Univerre) :
Patine en cours de pose. On observe la différence entre l'étain brillant à droite et l'étain patiné à gauche
Abat-jour terminé, lampe allumée
Merci à Marie-Laurence Leguet-Sikaly pour ses explications.
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